▬ Qui y a-t-il de plus beau dans la vie ? Suivre ses plus beaux rêves ? Vivre une vie de saint ? Vivre selon ses propres lois ? Ses propres rêves ? Yun Hae ne sait pas, Yun Hae ne saura jamais. Elle l’a fait sa vie, elle était entrain de la faire. Comblée ? Un peu qu’elle l’était, qui ne le serais pas à sa place ? Elle avait tout, tout ce qu’une femme pouvait désirer. Seulement parfois, assise sur son divan, le regard dans le vague, il lui arrivait de repenser, de repenser à avant lorsqu’elle était plus jeune, lorsque tout cela à commencée. Pourquoi y repenser là maintenant ? En faisant son ménage elle avait retrouvé ce livre, cet ouvrage. Ce journal témoignant de sa petite vie presque tranquille. Comment penser, comment dire, comment faire. Elle avait toujours pensée que ce journal avait disparus après tout ses déménagements, toutes ses affaires dont elle s’était débarrassée. Elle n’avait jamais parlé de ce journal à quiconque, surtout pas à sa fille, à son enfant, son unique enfant. Que de souvenirs ? Elle ne pouvait pas dire qu’elle regrettait, il n’y avait que les faibles pour ça. Clignant pourtant les yeux, elle les déposa sur le journal alors qu’elle passait une main sur sa couverture, sur sa surface. Un sourire lui venant aux lèvres, elle l’ouvrit enfin, ses yeux se déposant sur la première page alors que, des mots écrit d’une main jeune et tremblante désignait ses mots, désignait un nom, son nom, Byul Yun Hae.
25 Septembre,
Cher journal,

Une nouvelle journée vient de s’écouler, aujourd’hui, j’ai passé mon premier concours de danse. J’étais réellement stressée, je crois qu’on ne peut pas être aussi stressée, aussi nerveux que je l’ai été moi-même aujourd’hui. Pourtant la danse ça me connait, je n’ai que onze ans mais maman dit que je suis très douée. Depuis mes quatre ans je suis une ballerine. Maman dit toujours que plus tard ça m’aidera, que la grâce et la légèreté seront visibles à travers moi. Je trouve ses mots bizarres et pourtant ils me plaisent. J’aime tout ce qui touche à la musique, à la danse, je pense que, c’est ce qui me permet de m’évader depuis sa mort. Je n’étais pas seule comme tu le sais, elle était là, cette seconde moi. Dire qu’il y avait deux Yun Hae, que l’une d’entre elle est en parfaite santé alors que l’autre, était malade à s’en damner. Sais-tu ce que cela fait d’avoir une sœur jumelle plus faible que sois ? De la voir tous les jours s’éteindre un peu plus, presque oublier qui elle est, qu’elle est entrain de se demander ce que ça fait de vivre. Elle aimait la danse, elle aimait me voir danser. Voilà maintenant trois mois qu’elle s’est éteinte et pour elle, jamais je n’arrêterais. C’est une promesse ?

31 Décembre,
Cher journal,

Une nouvelle année ? Encore une. Pour cette année maman m’a demandée de faire un vœu alors que papa était entrain d’agiter un petit drapeau multicolore devant mon nez. Qu’ils sont idiots tous les deux. Seulement je les aime ? J’ai l’impression de n’être comprise que par eux, qu’ils sont là uniquement pour moi alors que, dans un sens je sais que c’est parce qu’ils me protègent. Ils ont déjà perdus une enfant, ils ne veulent pas perdre la deuxième. Je les comprends, je les comprends tous les deux. L’autre fois, lorsque j’ai gagné se premier concours il y a un an, maman m’a appelée Yun Sae. Pourquoi m’avoir donnée le nom de ma défunte sœur sans le remarquer ce jour là ? Je ne lui en veux pourtant pas, je sais que ce n’est pas de sa faute, qu’elle souffre, tout le monde souffle. Seulement, je ne veux pas passer ma vie à penser à elle, je dois penser à moi ? Après tout, même si je le l’effacerait jamais, je suis en vie. Ainsi donc une nouvelle année commence, ma véritable vie aussi.

31 Mai,
Cher journal,

Aujourd’hui j’ai quinze ans, les années s’écoulent à une vitesse folle ! Je suis enfin dans cette école tu sais ? Je ne te l’ai pas dis ? Je voulais absolument atteindre cette école ou j’aurais la possibilité d’apprendre les arts. Finalement la danse est devenue ma vie. J’ai gagnée énormément de concours grâce à elle et, je m’en réjouis énormément. Mangyo est une école superbe, les gens sont géniaux et je sens que je vais y prendre mes aises. Papa et maman sont derrière moi, toujours là à m’encourager, ils me rendent toujours mon sourire dès que je le perds à cause du stresse ou autre. Je les aime tellement… C’est décidé, ils seront fiers de moi ! Et puis, il y a ce garçon que j’ai rencontré à la rentrée scolaire dans cette école justement, pourquoi je me sens rougir dès que son regard croise le mien ?

21 Juin,

Cher journal,
Je crois que j’ai fais une bêtise, une grosse bêtise. Arrive t-il souvent que des adolescentes de dix-sept ans se retrouve avec un bébé dans leurs bras ? Un enfant, leur enfant ? Ce garçon dont je t’ai parlé, je l’ai aimé, je l’aime. Seulement, il devait partir pour l’étranger et ne plus jamais revenir, pour nous dire adieux, nous l’avons fait d’une façon charnel. Et pourtant, les sensations que j’ai connues avec lui durant cette nuit là ne seront pas la seule chose qu’il m’a laissée avant de partir. Le nom de ce présent ? Seol Ji, c’est une petite fille, ma petite fille. Malgré mon âge, mes parents sont là pour moi, ils vont m’aider, ils me l’ont promis. Moi qui pensais en l’apprenant il y a quelques mois que comme j’étais enceinte ils allaient me mettre à la porte, je me suis trompé. Je n’arrive seulement pas à regretter lorsque je vois ses petits yeux encore ignorant de ce qui l’entour s’ancrer dans les miens. Protéger, je ferais tout pour la protéger.

14 Avril,
Cher journal,

Les années s’écoulent et me voilà diplômée. En montrant tout ça à ma fille elle était ravie, sautillant et riant alors qu’elle ne savait même pas pourquoi elle le faisait. Parfois elle me fait rire tu sais ? Elle est si mignonne. Elle ressemble à son père, elle n’a que certains de mes traits. J’arrive à le voir en elle et souvent ça me fait sourire. Je ne regrette pas après tout, je ne la regrette pas. Je ferais tout pour l’élever comme il le faut et malgré moi être une mère digne et toujours présente pour sa fille. D’ailleurs, juste après avoir été diplômée, l’école dans laquelle j’ai tout appris m’a proposé un emploie. Pourquoi refuser ? Pour elle j’en ai besoin, pour la faire vivre il le faut. Je vais être professeur de danse, qu’espérer de mieux ? J’ai ma fille, ma vie, mon rêve.

Un sourire venait de prendre ses lèvres, l’évocation de sa sœur ne lui faisait plus rien après toutes ses années, de ce garçon qui est aussi le père de sa fille tout autant. Accomplie ? Pas vraiment. Elle avait son enfant, toujours là, en parfaite santé, son métier reliant en même temps sa passion. Que demander de plus ? Peut-être, un père pour combler se vide ? Dans le fond, tout le monde peut deviner ce fait. Pourquoi allait-elle toujours vers les jeunes hommes ? Dans le fond, tout ça n’est pas bien compliqué.