▬ « J’ai encore du mal à employer le mot Papa. Pourtant, cela fait bien longtemps que tu as disparu. Je ne me souviens même plus vraiment de ton visage… Je suis obligé de revoir des photos pour que tout redevienne clair dans ma mémoire. La seule chose que je ne pourrais oublier, c’est certainement cette odeur de cigarettes qui me hantera toute ma vie. Si je n’étais pas un sportif, certainement que je fumerai, juste pour l’odeur qui me rappelle que tu étais là près de moi il y a tant d’années. »

Il referma son livret. Il ne savait même pas pourquoi il écrivait ce genre de choses. Une idée de sa mère lorsque son père est décédé à ses sept ans. Il n’arrivait même pas à dire si cela lui faisait du bien ou si au contraire, cela ne faisait que rouvrir la plaie encore et encore. Il savait que sa sœur, elle, avait arrêté ce rituel du carnet depuis déjà bien longtemps. Lui n’avait pas pu. Il ne savait pas quoi faire d’autres pour ne pas oublier son père. Mais était-ce une bonne chose de sans cesse ressasser cela ? Ne serait-il pas mieux d’oublier ? Il soupira. Bientôt, il quitterait Bienne, sa ville natale, son pays qu’était la Suisse pour aller en Corée avec sa mère et sa sœur. La Corée du Sud, sa famille en parlait comme étant la « maison » qu’il rêvait de retrouver alors que lui ne l’avait jamais connu. La seule chose qu’il en connaissait, c’était ce que lui racontait les autres. Et la langue que ses parents avaient fait un point d’honneur à lui apprendre.

En fait, peu lui importait de changer de pays et de continent. Tout ce qu’il espérait c’était que les écoles de sport seraient à la hauteur et qu’il ne doive pas baisser son niveau…. Après tout en Suisse, le tennis était assez performant grâce à la réputation de Roger Federer. Il ne craignait pas de quitter de quelconques amis… tout simplement que cela faisait pas mal d’années qu’il se consacrer essentiellement à son sport favoris et qu’il n’était plus proche de qui que ce soit si ce n’est sa sœur et sa mère.

Il soupira. Toute cette histoire allait-elle bien se terminer ? Oui, évidemment. Il pouvait toujours devenir professionnel, même s’il n’était pas eu Europe, n’est-ce pas ? Il suffisait qu’il se donne à fond ! Comme d’habitude… Quoi que non, il aurait faire encore mieux que d’habitude, il donnerait toutes ses tripes, quoi qu’il se passe ! Et si jamais – dans le cas le plus improbable qui lui venait à l’esprit – le sport ne l’intéresserait plus à un moment, il n’aurait qu’à se convertir dans un boulot où le fait d’être presque trilingue lui servira. Oui, de toute façon, il aurait de quoi rebondir, quoi qu’il se passe. Mais il n’y avait même pas besoin d’y penser car de toute façon, il y arriverait. Il sera tennisman professionnel, quoi qu’il en coûte.

Il entendit soudain sa mère crier depuis la cuisine. « TU ES ACCEPTEE A MANGYO !!! AVEC LA BOURSE !!» En attendant cela, automatiquement un large sourire fleurit sur ses lèvres. Au moins il aurait une bonne université dès qu’ils arriveraient en Corée du Sud ! Que demander de mieux ? Espérons juste que ces professeurs seront assez compétents pour le permettre d’accomplir son rêve ! Il n’en a que faire de perdre des matchs de tennis en fait – bien qu’il adore gagner, cela est un fait – tant qu’il pourra vivre de son sport favoris ! Il ne cherche pas à être le meilleur… juste à donner le meilleur de lui-même.

Il étira ses jambes devant lui. Ah ce qu’elles pouvaient être douloureuses ! Il avait encore exagéré son entraînement… cela lui apprendra. Ou pas. Il allait certainement refaire la même erreur, encore et encore. Tout à coup, un grand fracas se fit entendre. Il sursauta violement alors que sa sœur débarquait dans le chambre en commun.

« Mangue ! T’as entendu, t’es accepté !!! »

A l’entende de son surnom débile – donné par sa sœur, évidemment – il grimaça. Elle lui sauta dessus pour lui faire un énorme câlin. Ouais… sa sœur ne changera certainement jamais. Elle était à la fois un véritable tyran et un bisounours… Etrange mélange, vous l’avouerez.