▬ Mon histoire est toujours difficile à raconter. C'est comme si on mettais des lames de rasoirs à l'intérieur de mon coeur et qu'on le secouait de sorte à ce que les souvenirs ne s'oublient jamais. Je m'appelle Hye Won et aujourd'hui cela va faire sept mile cent vingt-neuf jours que j’existe. J'ai marqué l'existence de certaines personnes et il y en a d'autres qui ne savent même pas que j'existe. Sept mille cent vingt-neuf jours où parfois j'ai voulu abandonner tellement c'était dur, ou parfois j'ai pleurer pendant des nuits entières. Et maintenant je suis ici à vous raconter mon histoire. J'ai un peu du mal à y croire, cela semble un peu irréel. Mais je sens cette douleur quand je me pince le bras, cette douleur qui me rappelle que ce que je vis est bien vrai.

Bref, commençons par le commencement ; je suis née dans un quartier à mauvaise réputation de Séoul. Mon père n'avait pas d'emplois et ma mère travaillait toute la journée. Elle travaillait en tant que femme de ménage le matin et dans un bar le soir. C'était de jeunes parents qui s'étaient mariés très tôt parce qu'ils ne voulaient pas voir leurs vies passer devant eux. Ils se connaissaient depuis quelques mois et n'avaient pas prit la peine de se connaître un peu plus. Ce qui s'est fait ressentir lorsque quatre années étaient passées. Après quatre ans de mariage ils commençaient déjà à se disputer. Un soir, mon père a quitté la maison en claquant la porte puis il es revenu dans un état pitoyable en battant ma mère, qui elle était revenu du travail. De ma chambre, parce que les murs n'étaient pas très épais.

Le lendemain, il lui disait que c'était la dernière fois qu'il faisait ça, qu'il était désolé et qu'il ne voulait pas qu'il la quitte. Il s'était empressé de lui dire qu'il l'aimait, qu'il l'aimait plus qu'il ne s'aimait et naïvement ma mère l'a cru. Je ne recommencerai plus, il disait, chérie, je ne recommencerai plus, je te promet. J'avais presque cinq ans à l'époque et je connaissais déjà le goût du mensonge. Ce goût amer qui s'éternise, que l'on garde longtemps après avoir entendu ces conneries. Certes c'était la dernière fois qu'il levait la main sur elle. Mais c'était juste cette année là, il avait recommencé lorsqu'elle a tout plaquer pour chanter, quatre ans plus tard. Elle n'avait prévenu personne, c'est lorsqu'il est allé au bar qu'il l'a apprit. Il est rentré en vitesse, ils se sont disputés et il en est venu aux mains. Oubliées, toutes ces belles promesses, ces belles paroles. Je lui criais d'arrêter à travers la porte que ma mère avait soigneusement fermé pour qu'il ne m'arrive rien, mais il ne m'écoutait pas. Lorsque ce fut finit, le lendemain, ma mère m'a empêché de voir son visage pendant une journée entière. Elle se débrouillait pour qu'on ne soit jamais dans une même pièce ensemble ou parlait simplement le dos tourné.

Cette période a bouleversé ma scolarité. Mes résultats restaient bons mais je m'effaçais dans tout ce qui était dans le domaine de la participation. Je la revoyais. A chaque fois qu'elle voulait le quitter, elle n'y arrivait pas. Elle était dans le couloir près de la porte d'entrée et laissait tout tomber pour enfouir son visage dans ses mains. Elle s'y était prise plusieurs fois avant d'abandonner. Il ne l'a jamais su enfaite. Et par la suite il ne l'aura jamais su non plus. Je suis entrée au collège avec des bases solides mais ce n'était pas ce que je voulais faire, poursuivre de longues études. Je voulais chanter, danser, être moi simplement. Comment je l'ai su ? En voyant ce panneau publicitaire avec cette femme souriante le micro dans les mains. Étrange non ? De trouver sa vocation dans un panneau publicitaire. Mais ce qu'il y avait de particulier avec ce panneau, c'était que la femme qui y était, c'était ma mère. C'est elle qui m'a donné envie de chanter. Elle avait fait de moi quelqu'un de bien même si elle aurait pu abandonner à l'âge qu'elle avait. Dix-sept ans, elle m'avait mit au monde à cet âge là. Techniquement, elle avait encore seize ans car elle était à deux jours de son anniversaire. A deux jours de son anniversaire, ses parents l'avaient reniés. Elle s'en est sorti grâce à cet amour qu'elle avait pour mon père. Des tas de personnes lui avaient dit d'avorter, et elle avait simplement refusé. Je ne laisserai pas ma flamme s'éteindre elle disait tant qu'il me restera de l'espoir, tant que j'aurais de quoi vivre, le stricte nécessaire, je ne la laisserai pas s'éteindre et je me battrai pour qu'elle reste allumée. Aujourd'hui je n'ai pas à avoir honte d'elle. Je n'ai pas à avoir honte d'elle parce qu'elle s'est battu du mieux qu'elle pouvait dans ce monde parfois ingrat. Elle s'est battu pour moi, pour elle.

Un soir, en revenant du travail, mon père déjà assez entamé par l'alcool a levé la main sur elle. Le soir même, elle s'est rendue au poste de police pour porter plainte et a suivi la procédure habituelle. Il a fallu peu de temps pour qu'il finisse en prison. Je commençais ma première année de lycée à l'époque. Vous imaginez ? C'est pas si loin que ça quand on y pense hm. Ils ont ensuite divorcés et ma mère et moi avons déménagées. C'était le début de quelque chose de grand. Le début de quelque chose de nouveau. Je n'ai pas laissé de côté mon rêve, je suis d'ailleurs entré dans une école réputée d'Art avant d'être repérée. Et ensuite ? Ensuite je suis devenue une idole. J'ai fais mes débuts assez récemment. Je me suis entrainée pendant longtemps avant de pouvoir faire mes débuts. Le travail a été long mais j'ai atteint mon but. Ma mère est morte le jour où j'ai fais mes débuts. J'ai vécu cette période difficile avec mes amis, je n'ai pas voulu m'isoler du monde parce que j'étais convaincue que cela me conduirait à ma perte. J'ai pleuré, ce n'était pas grave si je pleuré. Lentement je m'en suis remit. J'veux dire, les cicatrices se sont fermées mais ne sont pas parties pour autant à l'intérieur de moi. Aujourd'hui en me regardant, personne ne penserai que j'ai vécu tout ça. Tout le monde se dit que j'ai du avoir une vie de rêve jusqu'ici, ce qui est faux. J'ai survécu avant de vivre c'est tout.