La porte du dortoir S2 venait de s’ouvrir brutalement pour laisser place à la silhouette de Hye Jin. Sa respiration était saccadée, ses joues étaient rouges tomates, son front était en sueur et ses jambes étaient prêtes à défaillir. Elle avait couru comme le faisait chaque matin. Son jogging qui lui était aussi vital que manger l’était. Le sport l’aidait à évacuer ses sentiments, à se défouler et par la même occasion à rester en forme. Sauf que cette fois, elle avait poussé ses capacités, se sentant d’humeur à dépasser son record personnel et à se surpasser. Elle se précipita vers son lit pour s’y écraser littéralement, elle avait l’impression d’être vider de son énergie. D’un revers de main, elle bougea une mèche qui l’avait gêné et chatouillé. Ses yeux se fermèrent, cherchant un peu de repos. Ses pensées vagabondèrent allant de ses devoirs à ce qu’elle pensait prendre comme petit-déjeuner. Lorsque ses pupilles s’ouvrirent, elle examina le plafond avec attention et remarqua tous les moindres petits détails insignifiants comme un coin qui n’avait pas été repeint correctement. Malgré son short et son top, elle se sentait bouillir de chaleur. Il lui fallait une douche. Elle se laissa le temps de reprendre son souffle à un rythme régulier et se releva lentement par la suite. La jeune femme prépara ses affaires pour aller dans la salle de bain. Après s’être déshabillé et mit les vêtements dans le linge sale, elle se glissa dans la baignoire. L’eau ruisselait sur son corps et la fraîcheur lui donna une sensation de renouveau, de bien-être. Elle aurait pu y rester des heures mais son estomac criait famine, l’obligeant à en finir plus tôt que prévu. Elle s’enveloppa d’une serviette pour se sécher. Son peigne s’occupa de démêler les nœuds de sa longue chevelure brune. De sa main droite, elle essuya la buée sur la glace située juste au dessus du lavabo, dévoilant son visage dépourvu d’expression.

La plaque allumée, les assiettes posées sur la table et l’odeur qui envahissait le dortoir, c’était l’étudiante qui cuisinait son petit-déjeuner. Il était seulement neuf heures du matin mais ça faisait déjà depuis au moins deux bonnes heures qu’elle était éveillée. Elle n’aurait pas pu se permettre d’attendre une minute de plus, surtout que le repas était sacré selon ses principes. Bien que ça fasse depuis longtemps qu’elle vivait de manière autonome, son talent cuisinier ne dépassait pas les bases et pour cette raison, ses plats n’étaient jamais bien compliqués. Normalement, il s’agissait de Mai Lynn, sa colocataire, de se charger de la nourriture qui elle, avait un véritable talent pour ce domaine. Malheureusement, celle-ci n’était pas là aujourd’hui, elle était partie voir sa sœur. Jinnie éteignit le feu et versa le contenu de la poêle dans son bol. Elle engloutit pratiquement son repas tellement la faim l’avait dévoré. Après avoir essuyé sa bouche, elle ne put s’empêcher de soupirer. C’était si calme… Complètement l’opposé de lorsque ses colocataires étaient présentes, de lorsque qu’il y avait de l’ambiance et qu’elles s’amusaient. Inexplicablement, elle se sentait seule pour un samedi. D’habitude, son emploi du temps ne lui permettait pas de prendre du répit et il y avait toujours quelque chose à faire, mais pas cette journée. Elle avait fait tous ses devoirs, le café où elle travaillait était fermée et la dose de sport du jour était accomplie. Ses plans pour l’après-midi était inexistant. Elle sortit son téléphone portable et regarda ses contacts, à la recherche d’une personne avec qui elle pouvait s’organiser. Un sourire s’afficha sur ses lèvres dès qu’elle trouva son bonheur. Itami Shizuka. Elle aurait dû y penser avant. Sans hésiter, elle lui envoya un message.

« De : Park Hye Jin
A : Itami Shizuka

Yoo, ma Shizu que j’aime ! Qu’est ce que tu fais aujourd’hui ? Ca te dirait de faire un peu de shopping ? Bouge ton joli derrière, je suis sûre que tu es libre :P.
Bisous Jinnie. »

Le portable en question vibra quelques minutes, elle avait reçu une réponse affirmative. Tout d’un coup, la demoiselle se sentait de bonne humeur, elle savait d’avance qu’elle passerait un bon moment vu qu’il ne s’agissait pas de n’importe qui mais bel et bien de sa meilleure amie et voisine par la même occasion. Sans tarder, elle partit se préparer et alluma également la radio pour se motiver à être plus dynamique. En même temps que ses mains s’occupaient de son maquillage, sa bouche fredonnait la chanson qui passait. Hye Jin quitta sa chambre dès que tout était en ordre, quitte à arriver un plus tôt au rendez-vous. Son sac à main sur l’épaule, elle descendit les escaliers du bâtiment et à sa sortie, se dirigea droit vers la station de métro. Quelquefois, elle aurait aimé avoir une moto pour pouvoir se déplacer librement mais la manque d’argent lui rappelait constamment que ce n’était possible. A la place, elle devait se faire écraser comme une sardine car oui, il avait fallut qu’elle choisisse pile le moment de pointe où tout le monde se basculait et où respirer était une question de survie. Elle réussit malgré tout à s’en sortir saine et sauve et fut soulagée de retrouver l’air dans le quartier de sa destination.

Ses pas la portèrent dans un grand centre commercial, là où elle avait l’habitude de faire les boutiques avec son amie. Elle s’assit sur un banc près d’un manège pour enfant qui était leur point de rencontre. Apparemment, elle était la première. Ses yeux guettèrent la foule espérant ainsi reconnaître une silhouette familière et remarqua aussi les personnes étranges qu’il pouvait y avoir comme la dame habillé tout en vert fluo. Tout d’un coup, la brune aperçut la japonaise et sans aucune gêne, se précipita pour la prendre dans ses bras. « Shizu ! Te voilà enfin ! » Elle lui offrit un grand sourire et prit son bras pour le croiser avec le sien. « Alors, tu veux commencer par quoi ? » Vêtements, chaussures, lingerie, maquillage… Il y avait de quoi avoir le choix. Trop concentrée à discuter avec sa meilleure amie, elle ne vit pas un vendeur arrivé qui les avait scruté depuis le début. « Hé mesdemoiselles. Venez dans notre boutique, les soldes sont jusqu’à 70 pourcents ! » Mais c’était qui ce gars ? Se faire accoster de la sorte, décidemment ça commençait bien.