Il était une fois une princesse, une princesse du doux prénom de Mayumi. Cette princesse résidait dans un grand château, avait des tas de subalternes appelés communément domestiques, une princesse invitée à plein de fêtes mondaines, ayant tout un tas d’amis et aimée par tout le peuple. Une princesse qui se réveillait dans ses draps de soie, une princesse qui s’étirait doucement avec le soleil se projetant sur ton teint clair. Une princesse qui allait retrouver son prince perdu depuis longtemps. Une princesse qui s’était préparée pour ce jour spécial à la vitesse de l’éclair. Une princesse attendue au milieu du labyrinthe de son château. Une princesse retrouvant son prince. Une princesse s’approchant pour déposer un tendre baiser sur ses douces lèvres…

« Tututututut.. »

Une princesse réveillée par son radio réveil ? Fichu réveil qui avait fini par se retrouver légèrement fracturé et sous le lit. Il avait eu de la chance que je ne l’aie pas démoli entièrement. Ok, tout ça parce que j’avais besoin de lui encore pour le jour d’après, mais tout de même. Un bâillement. Puis un deuxième. Peut-être que j’aurais dû m’endormir plus tôt hier soir, ça m’aurait évité d’avoir une tête d’huitre pas fraiche ce matin. Tout ça parce que j’étais au téléphone avec ma mère pour lui dire une énième fois que j’allais bien en Corée du Sud et que j’arrivais à bien suivre mes cours. Devrais-je lui dire encore une vingtaine de fois pour qu’elle le comprenne ? Et voulait se la jouer mère ? Ce n’est pas comme si on était tellement proches pour tout se raconter et tout le tralala. Je ne voyais même pas pourquoi elle s’inquiéterait de ma vie. M’enfin. Ni une, ni deux, je sortis de mon lit pour aller prendre une douche rapide. La douche de bon matin me rafraîchissait le visage et donnait un effet soyeux à mes cheveux. C’est ainsi que j’en ressortais quelques minutes après, une serviette autour de la taille et une autre dans les cheveux, le temps d’aller prendre un petit déjeuné. Car comme on dit, le petit déjeuné est le repas le plus important de la journée. J’enfournais donc deux tartines de confiture dans ma bouche et avalais en vitesse mon verre de jus de fruit. Je n’avais pas tellement de temps à perdre. Je filais ensuite dans ma chambre pour désormais m’habiller. Le naturisme n’était décidemment pas pour moi. J’ouvrais d’un coup bref mon armoire pour prendre la première petite robe qui apparaissait. La météo avait prévu du soleil pour cette journée, autant en profiter. Un bref petit regard sur son portable pour voir l’heure, il lui restait pile le temps de s’occuper de ses cheveux et se maquiller en vitesse et après elle attaquerait les cours de la matinée. Direction la salle de bain, ou appelé autrement l’endroit où je passe le plus clair de mon temps. Faut dire, c’est tout un travail pour avoir des cheveux aussi parfaits que les miens, ça n’arrive pas en claquant seulement des doigts. Séchage, brossage, lissage… Tout y passait. Puis le maquillage, maquillage très léger, je ne tiens pas à attirer l’attention en madame pot de peinture. Puis, le naturel plait à ce qu’il parait. Bientôt l’heure des cours, il n’y avait plus qu’à me rendre à la salle où je tenais mon premier cours, sac prit et portable emporté, je m’y rendais. Les cours de la matinée se déroulèrent sans encombre, enfin presque, à l’avant-dernière heure j’avais oublié mon agenda. A l’heure du déjeuné, obligée d’y revenir. Mes amies étaient elles parties manger. Je me dirigeais vers cette salle avec mon sac à bandoulière sur mon épaule. Je me tenais devant la porte et rentrais dedans. CHOC. Dans cette salle, de un, se trouvait mon agenda, mais de deux, se trouvait Hyun Lee. Bang Hyun Lee. L’homme que je recherche depuis que j’ai débarquée en Corée et même avant. L’homme que je recherche depuis environ deux ans et demi. Là, dans cette même salle où j’étais postée, figée à le regarder. Puis finalement, un son sorti de ma bouche.

« Hyun.. Hyunie.. Hyun Lee ? »

Hyun Lee. Bang Hyun Lee. L’homme que je recherchais. L’homme que je connaissais depuis déjà un peu plus de quinze ans. Quinze ans, ce n’est pas rien. Nous en avions vécus des choses tous les deux. J’étais si contente de le retrouvait que j’esquissais un léger sourire, pas très prononcé, surement sous le choc des retrouvailles. Je n’attendais que quelques paroles de lui.

« Ouai, c'est moi. Enfin j'crois, à moins que j'ai changé de famille et de visage, de corps et tout ce qui s'en suit. Bref, j'suis pas là pour parler, si c'est mon père qui t'envoie, tu peux faire demi tour, je ne parle pas à ses pions. J'en ai déjà vu pleins des comme toi, des filles qui lui ressemble, mais bouges, j'me suis juré que la prochaine, elle finirait mal en point. »

Cette voix, si familière me faisait remonter dans le passé, retrouvant de vieux souvenirs. Puis mon léger sourire s’estompa en réfléchissant à ce qu’il venait de dire. Mais qu’est-ce qu’il lui arrivait ? J’aurais pensé qu’il serait plus heureux de me voir. Je ne sais pas moi, qu’il m’aurait prise dans ses bras, ou autre. Je m’étais même préparée à ouvrir mes bras et courir vers lui. Quelle sotte. Si ça se trouve, il m’avait oubliée. Ah, non. Comme son père lui avait présenté plusieurs filles me ressemblant. Des filles me ressemblant ? Mais pour quoi faire ? Il valait mieux l’unique et l’authentique. Alors que son père ne voulait pas que je le retrouve, je ne voyais pas tellement l’intérêt des clones de moi en compensation. Finirais-je mal en point si je restais à lui parler ? On le verrait bien, je n’étais pas décidée à tourner les talons. Je n’avais pas fais Japon-Corée pour rien. Je n’étais pas venue pour me faire rembarrer de la sorte. Je n’avais pas envie de l’avoir chercher pendant plus de deux ans pour rien. Je n’avais pas envie de le perdre maintenant que je l’avais enfin retrouvée.

« YAH ! Si tu crois que je vais partir comme ça, tu te trompes. Ce n’est pas ton père qui m’a envoyée. Je n’ai pas fait le vol Japon-Busan pour rien, ok ? Je n’arrive pas à croire que tu ne reconnaisses pas que je suis l’originale. Hm.. Peut-être bien que les sbires de ton père avaient dit la même chose remarque. »

Mais quel abruti il était. Il pourrait voir que j’étais.. Moi. Les filles qui me ressemblaient envoyées par son père ne faisait que me ressembler, moi je ne me ressemble pas étant donné que je suis moi. Oulah, voilà que je pars loin toute seule dans mes pensées. Je m’approchais de lui en le fixant.

« Regarde-moi dans les yeux et vois que je suis bien la Mayumi que tu as toujours connue. Comment peux-tu ne pas me reconnaitre alors qu’on se connait depuis quinze ans ? Lâche ton fichu portable et crois-moi... Aish. »

Je me reculais puis marchais jusqu’à ce pour lequel j’étais venue ici, mon agenda. Il était tombé sur le sol à côté de la place où j’étais assise. J’aurais dû faire attention en partant en furie vers la salle de mon cours suivant. Non, finalement, pour une fois, cette étourderie avait été bénéfique. J’avais retrouvé Hyun Lee. Enfin, s’il n’avait pas changé de nom, de visage, de corps et de tout ce qu’il s’en suit comme il l’avait si bien dit. Tsh. Rangeant mon agenda dans mon sac, je me retournais de nouveau vers lui. J’hésitais entre partir de cette fichue salle et aller manger car je sentais mon ventre grogner. Ou alors rester, tenter de lui prouver que j’étais bien cette Mayumi avec laquelle il avait partagé tellement de choses. Quel dur choix. Ou pas. La faim ou l’amour, c’était vite choisi. C’était la bouffe. Je commençais déjà à me diriger vers la sortie. S’il ne voulait plus entendre parler de moi, préférer croire que je suis morte, qu’il en soit ainsi. Arrivée à l’intersection de la porte, mettant un pied dans le couloir, je me stoppais en regardant les dalles du sol. Retiens-moi de partir.