L’argent. Un mot qui pouvait se révéler être un fardeau tout comme un avantage. Si certains avaient la chance de pouvoir le dépenser à bon vouloir, il y avait aussi ceux qui devaient se démener pour en gagner. Comme Hye Jin. Sans monnaie, pas d’éducation. L’université de Mangyo avait beau lui avoir offert une bourse, ça ne suffisait pas pour payer la totalité des frais d’inscription. Sa mère aurait pu l’aider mais venant d’un milieu pauvre, elle devait d’abord s’occuper de son logement et de quoi survivre. Dans ces cas-là, il ne restait plus qu’une seule solution : trouver un petit boulot à mi-temps. La jeune femme avait réussi à être embauché en tant que serveuse dans un café mais malheureusement, le propriétaire était parti en vacances et le fermait momentanément. Elle n’avait plus de sources de revenues. Pour remédier à ce problème, elle avait cherché dans les journaux à la quête d’une annonce intéressante. Après une semaine, il n’y avait qu’une offre qui avait attiré son attention : le babysitting. Une toute première pour l’étudiante qui n’avait jamais su s’y faire avec les enfants. C’était le moment ou jamais de changer cette faiblesse et pour être honnête, elle le faisait à contrecœur, n’ayant pas spécialement l’envie de se familiariser avec eux. Elle avait donc répondu à l’employeur avec son curriculum vitae et eut la chance d’être accepté dès le premier coup. Un vrai miracle. Le parent l’avait appelé ce matin pour la prévenir qu’elle devait tenir compagnie à la gamine pendant le reste de la journée. Sur ce, elle s’était dépêchée pour se préparer, ne souhaitant pas arriver en retard et prit le métro comme moyen de transport. Elle avait eut du mal à trouver la maison, perdant du temps inutilement et grâce à l’aide d’un passant, se trouvait dès à présent devant la porte pour sonner.

La mère l’avait accueillit et lui avait brièvement donné des instructions en ce qui concernait la nourriture, de ce qu’il fallait faire, toucher ou ne pas toucher etc... Elle et son mari partirent assez rapidement vu qu’ils avaient un rendez-vous et la brune se retrouva seule à seule avec une gamine. Sun Hee, c’était le prénom de la petite âgé de cinq ans. De l’extérieur, elle affichait un grand sourire et donnait l’impression d’être sage, mais non. Jinnie comprit vite qu’il s’agissait seulement des apparences et que son véritable caractère était celle d’une peste capricieuse et incontrôlable. Elle exigeait à manger et lorsque c’était préparé, elle n’en voulait plus. Elle voulait jouer et finissait par balancer les poupées. Insupportable. Si l’argent n’avait pas été son motif, il y aurait déjà longtemps que l’adulte aurait démissionné. Sa nouvelle lubie ? « Je veux aller au parc ! ». A noter qu’un petit ‘ s’il vous plaît’ ne l’aurait pas tué. Dire que ce petit être avait une influence sur son salaire… Quoiqu’il en soit, ce n’était pas comme si elle pouvait refuser, autant essayer de gagner sa confiance et de garder son sang froid. La demoiselle sortit de la résidence et vérifia auparavant qu’elle n’oubliait rien pour ensuite fermer la porte à clé. Elle prit par la main la plus jeune et marcha dans la rue, direction le parc. L’air était frais, le ciel dégagé et mine de rien, respirer un peu dehors un samedi après-midi ne faisait pas de mal. Ses pas s’étaient ajustés à la vitesse de l’enfant et au bout d’une dizaine de minutes, elles arrivèrent dans ce vaste jardin public.

L’endroit était rempli de couples amoureux qui n’hésitaient pas à montrer leurs affections devant tout le monde ou encore de familles jeunes qui se promenaient avec leurs poussettes. Il y avait également ceux qui joggaient avec des écouteurs dans leurs oreilles et ceux qui se baladaient avec leurs chiens. La raison pour laquelle autant de gens venaient était compréhensible, les arbres dévoilaient fièrement leurs feuilles vertes, les fleurs avaient éclos, le parfum de la nature apaisait et surtout le paysage contenait une variété de couleurs qui faisait contraste à la couleur grise béton de la ville. Hye Jin soupira, se demandant ce que la petite avait l’intention de faire dans le coin et avait un vague soupçon qu’il ne s’agissait pas simplement de bouger les jambes. Elle se laissa guider, s’en fichant un peu d’où elle allait atterrir. Tout d’un coup, Sun Hee découvrit quelque chose qui attira toute son attention et s’exclama : « Un marchand de glaces ! ». L’étudiante ne put s’empêcher de laisser échapper un sourire au coin de sa bouche. Evidemment ! Pourquoi n’y avait-t-elle pas pensé avant ? Elle était parfaitement consciente qu’il s’agissait du véritable objectif de la gamine depuis le début, passé dans les environs en sachant pertinemment où était placé le vendeur. « Achète-moi une glace ! Je veux deux boules, une à la vanille et l’autre au citron ». Et les manières là-dedans ? Elle se nota mentalement que si jamais elle serait mère un jour, elle ferait en sorte que son enfant ne soit pas aussi impoli. Elle hocha de la tête, faisant comprendre qu’elle acceptait. Elle n’avait aucunement l’envie que l’autre pique sa crise publiquement.

Se plaçant dans la file, elle attendit patiemment son tour et commanda ce qui lui avait été ordonné. « Tiens… voilà ta glace. » La petite la prit directement sans se faire prier en souriant de toutes ses dents. Au moins, elle était contente c’était déjà ça… Sauf que, tout ne se passa pas comme prévu. Elle lécha un bout pour ensuite afficher une grimace et balança ce qu’elle avait dans la main par terre. Jinnie n’eut même le temps de réagir, sans parler de ses chaussures qui avaient tacheté au passage. « C’est dégueulasse ! J’en veux plus ! » Et sans prévenir, elle courut pour s’enfuir. Mais quelle mouche l’avait piqué ? Aish, pourquoi devait-t-elle s’occuper d’une capricieuse ? Décidemment, ce travail était loin d’être du repos. Sans attendre, elle se mit à sa poursuite, elle préféra ne même pas s’imaginer ce qui arriverait si elle la perdait. La gamine réussissait à se faufiler plus vite grâce à sa petite taille sauf qu’elle finit par bousculer une autre personne. La brune avait tout vu du regard et s’écria à la jeune femme qui avait été poussé: « Excusez-moi mademoiselle, attrapez-là ! ». Et c’était dans cette situation étrange qu’elle avait abordée une parfaite inconnue…