Park Jae-Hwa feat. Kim Min Woo

Ce soir, j’ai décidé de sortir ! Ça fait bien trop longtemps que je n’ai pas mis les pieds dehors et le monde de la nuit commence à sérieusement me manquer. J’ai été raisonnable ces derniers temps en suivant les cours et en essayant d’améliorer mes résultats. Surprenant, non ? En fait, mon vieux paternel qui juge que je suis son fils quand bon le semble, m’avait gentiment passé un coup de fil et, au grand bonheur, ce n’était pas pour me demander de mes nouvelles. Non, loin de là. Ça faisait plusieurs mois qu’il refusait de me parler parce que je ne suis pas un fils digne d’être de sa descendance, que je ne respecte rien ni personne, pas même ma propre personne. Il a beau dire ce qu’il veut, je m’en fous royalement. Pendant une bonne vingtaine de minutes, il m’a bassiné en me sermonnant avec ses bonnes réflexions à deux wons que je connais que par cœur. Pour lui faire plaisir, mais surtout pour éviter un nouvel appel de sa part qui me rend de très mauvaise humeur, j’avais décidé de suivre à la lettre ce qu’il me citait au risque de me retrouver à bosser du jour au lendemain dans une entreprise des plus merdiques car Monsieur juge que je ne mérite pas qu’il paie mes frais de scolarité pour des études qui ne mènent à rien. Mais bien sûr… Cause toujours, tu m’intéresses. Bref, il vaut mieux ne plus en parler et maintenant que j’ai sagement suivi ses conseils, je peux profiter un peu de mon temps libre.

Je me suis donc décidé à sortir et malheureusement, je n’ai personne pour m’accompagner. Le fait de traîner seul m’ennuie et pour une bonne raison. À chaque fois, c’est le même manège. Je sens déjà les larbins et les mecs les plus pervers de la ville se rapprocher pour s’installer à mes côtés, un par un, me payer un verre ou deux et, comme d’habitude, je refuserais avant de m’éloigner au risque de rentrer directement chez moi. Ce soir, je n’autoriserais rien non plus, mais je ne veux pas rentrer trop tôt, non plus, sinon j’aurai l’impression d’avoir totalement raté ma petite soirée en tête-à-tête avec moi-même. Et puis, franchement, peu importe que je sois avec quelqu’un ou non, l’essentiel c’est de s’amuser et de passer une meilleure journée à partir de demain matin. Après ma rude journée de cours et quelques minutes de sommeil rattrapés durant un cours qui se s’avérait être somnolent, je rentre dans mon petit appartement et commence à manger un morceau avant d’aller prendre une douche afin de me préparer pour la longue nuit qui m’attend. Une fois sortie de ma douche, je me fige devant mon miroir et commence à perfectionner de quelques mouvements de mains et d’ajout de laque, pour la énième fois de la journée, mes cheveux puis une dizaine de minutes plus tard, je me faufile, serviette autour de la taille, jusqu’à ma chambre pour m’habiller.

Mon image est parfaite. Je jette un rapide coup d’œil à l’heure, il est déjà vingt-et-une heure trente. En fait, j’en ai profité pour m’installer devant la télévision avant l’heure fatidique et maintenant que la nuit s’est installée dans le ciel et que les lumières des lampadaires se sont activés, je peux enfin sortir. J’enfile une veste qui s’assemble au reste de mes vêtements ainsi que mes chaussures tout en prenant mes clés avant de franchir la porte d’entrée et de la verrouiller derrière moi pour m’éclipser de ces lieux en toute sécurité sans que personne ne puisse s’introduire.

J’ai passé une grande partie de la nuit dans un bar du coin assez populaire de la ville. J’en avais entendu parler à plusieurs reprises par les autres étudiants de l’université, mais je n’avais pas eu l’occasion d’y mettre les pieds. Les lieux étaient très spacieux et les éclairages se marient à merveille avec le rythme de la musique qui résonne. Les personnes présentes ne ressemblaient pas, à première vue, au cas sociaux que j’avais pensé plus tôt dans la journée. En fait, on s’y sentait bien dans cet endroit. Pour une fois, j’avais pu profiter pleinement de ma soirée en étant tranquille sans qu’un pauvre type ne vienne me lécher les pieds pour obtenir tout et n’importe quoi de ma part. J’avais même eu la chance de faire la connaissance du maître de ces lieux, un certain Min Woo et c’était avec plaisir que j’avais discuté avec lui tout en me faisant invité joyeusement à boire plusieurs verres que je n’avais pas pris soin de compter. Sans mentir, je sentais que mes sens me trompaient, ma tête tournait et se faisait quelque peu lourde. Mes jambes tremblaient comme des feuilles, je me sentais légèrement plus joyeux que d’habitude, mais je ressentais que ce n’est pas quelque chose produit de mon plein grès.

Le plus surprenant en fait, c’est que je viens de me réveiller dans un lieu qui m’est totalement inconnu et le plus navrant, c’est que je viens de me réveiller dans un lit que je ne connais pas.

Ma tête bourdonne, mes yeux se plissent et mes sourcils se froncent. Je suis totalement perdu. J’ai beau regardé des millions de fois autour de moi, je ne reconnais absolument rien. Je ne parviens, non plus, à ne pas répondre à cette question qui résonne dans le creux de mes pensées. « Où est-ce que je suis ? » Tout ce qui ne peut me détromper, ce sont ces draps si particulier qui ne ressemblent pas du tout à ceux qui ornent mon lit et lorsque je décide, enfin, de tourner la tête à l’opposé de là où je regarde, je me retrouve rapidement stupéfait en voyant un homme à mes côtés déjà éveillé et qui me sourit. « Eh merde… » Ai-je pensé tout en écarquillant les yeux en ne voulant pas y croire. Je ne voulais surtout pas penser à ce qu’on avait pu faire, à ce que j’avais pu dire parce qu’en réalité, je ne me souviens absolument de rien.

• « Euhm... Bonjour ? »

J’ai d’autant plus l’air stupide en ayant dit ça, mais j’aurai l’air vraiment idiot si je lui demandais son nom ou même ce que je fais ici, dans son lit… et loin d’être habillé.

• « Je m’appelle Min Woo, nous avons passé la soirée ensemble hier au bar… Et puis hier, tu semblais bien le connaître mon nom… »

À première vue, j’ai bien voulu lui dire « enchanté », mais ça s’avère être très mal placé vu la situation dans laquelle nous nous trouvons. Min Woo… Min Woo… J’ai beau cherché au plus profond de mon cerveau et absolument rien ne semble vouloir ressurgir. C’est terriblement frustrant d’être dans le brouillard complet tandis que l’inconnu en face de moi se rappelle de tout dans les moindres détails. Par contre le seul souvenir que j’ai, pour le moment, c’est de mettre rendu dans ce bar. Et puis, qu’est-ce qu’il veut dire pas : « tu semblais bien le connaître mon nom ? » Soudainement, j’eus peur de comprendre. De trop comprendre ce qui a bien pu se passer entre nous. Je peux en avoir la preuve dans les secondes si je veux en jetant un simple coup d’œil sous les draps ou même, sur moi. Je me retrouve dans une honte inimaginable ! J’ai l’impression d’être l’un de ces types lamentable ou le genre d’étudiant qui est complètement paumé sexuellement parlant comme émotionnellement. Dans ma tête, tout est noir et je m’en veux d’avoir bu autant pour me retrouver là, surtout, ce que ce type, qui est plut charmant aux premiers coups d’œil, m’est totalement inconnu. Je me mis à le regarder, un doux sourire s’esquisse sur ses lèvres en me voyant en train de chercher tel un aveugle quelque chose dont je ne mettrais jamais la main dessus sans une aide précieuse. L’aide en question aujourd’hui, c’est lui et il semble vouloir garder ça pour lui et s’en rappeler à sa guise lorsqu’il me croisera dans la rue ou dans son bar. Puis, il se redresse et s’installe légèrement au-dessus de moi pour mieux me fixer. À mon tour, je le regarde assez stupéfait de sa réaction si soudaine, je viens à penser qu’il aurait pu être plus charmant envers moi avec mes idées courtes, par exemple, en ne me touchant pas. L’une de ses mains ne cessent depuis que j’ai ouvert les yeux de caresser mon torse et j’avoue que ça commence vraiment à me gêner alors que, d’habitude, je ne suis pas le genre de gars qui a peur de se montrer à poil.

• « Tu ne te rappelle vraiment plus de rien ? Dommage, tu as raté une belle soirée ! »

Sa phrase achevée, il me fit un clin d’œil malicieux avant d’approcher son visage du mien pour mieux y déposer un léger baiser sur mes lèvres tout en laissant échapper, dans un murmure, un petit rire qui se veut moqueur. Alors, comme ça, ça l’amuse de me laisser dans cet embarras ? En général, les gens parlent surtout des jeunes pour ce qui est des nouveaux insensibles et pourvues d’âmes, mais ceux qui sont proches de la trentaine d’années sont exactement pareils ! Tout en le regardant se repositionner à mes côtés, j’eus du mal à avaler ma salive sans risquer de m’étrangler. Je commence à être assoiffé et je ne me demande plus la raison, mais je n’ai vraiment pas envie de sortir de ce lit et dans cette tenue, de plus, sous l’œil attentif du brun qui peut encore abuser de ma pauvre innocence déjà meurtrie. Sa main continue sa nouvelle habitude comme si de rien n’était en retraçant les fines courbes de mon torse. Sur le coup, j’ai vraiment eu envie de la retirer brusquement et éviter tout nouveau contact avec ce type. Il ne manque pas de culot !

• « Tu veux un café ? Tu as faim, peut-être ? »

Non, en cet instant même, je ne pense qu’à fuir ces lieux et de vite rentrer chez moi pour ne plus le voir et tout oublier comme si rien n’était arrivé, mais je peux bien rêver pour m’en sortir aussi facilement et de cette manière et l’autre ne semble pas être du même avis. Si ça se trouve, il est un de ces détraqués sexuels recherchés par les services de polices et il va me séquestrer jusqu’à la fin de ma vie ! Le fait de ne plus avoir aucun souvenir de la veille me fait vraiment penser à n’importe quoi. Il faut absolument que je reprenne les choses en main et que je ne me montre pas aussi facile que ce que j’ai pu être la nuit dernière. Aussitôt, je m’enveloppe dans les draps tout en les tirant fermement vers moi pour mieux m’enrouler dedans et ainsi pouvoir me lever sans être dévisagé de haut en bas d’une certaine façon que je déteste profondément. En posant les pieds à terre, je me mis à la recherche de mes vêtements éparpillés un peu partout dans la pièce.

• « Euh… Non merci, c’est gentil. Est-ce que… Est-ce que je peux emprunter vot… ta salle-de-bain ? »

Une fois les principaux vêtements récupérés, je me redresse et le regarde afin d’attendre son accord et surtout qu’il m’indique la direction à prendre. Une fois fait, je me dirige précipitamment dans le couloir en me cognant mentalement l’esprit et en profiter pour me traiter d’idiot. La salle d’eau découverte, je m’y introduis et je pense à fermer à clé derrière moi, histoire de ne pas être dérangé et encore moins être à découvert. Je dépose mes affaires sur le rebord de la baignoire avant de me mettre face à un miroir trouvant place au-dessus du lavabo. J’en profite pour m’appuyer autour de celui-ci pour mieux examiner mon reflet. Je me trouve affreusement crade et j’ai l’impression d’être recouvert d’une fine couche de boue. Est-ce la sensation que l’on ressent lorsqu’on se sent mal ? Encore une fois, je me pose trop de questions, je dois plutôt m’enlever cette impression de glu sur ma peau certainement dût à la sueur. Je retire le drap me recouvrant jusqu’à présent avant de me faufiler sous le jet d’eau chaude de la douche et d’y ressortir quelques minutes plus tard complètement propre. Par la suite, je remets mes vêtements de la veille et me recoiffe rapidement. Je déteste être dans cet état, j’ai l’impression de ressembler à un pouilleux, mais pour le moment, il y a bien plus important. Au même moment, je me rends compte que j’ai ‘perdu’ mes chaussettes. J’ai oublié de les prendre dans la chambre, mais il me semble que je ne les ai pas vus. Je viens à me demander comment je vais faire pour partir aussi vite que possible sans que le brun, qui doit m’attendre, ne le prenne mal. Sans même prendre le temps de la réflexion, je déverrouille la porte et sort pour mieux partir à la découverte de son appartement. Finalement, j’arrive à un escalier en métal et me retrouve dans le salon qui est ouverte sur une grande cuisine équipée et où se trouve le brun vêtu d’un simple peignoir. Malgré les manches longues de mon maillot, mes mains ne peuvent s’empêcher de se retrouver et mes doigts de se triturer nerveusement. Doucement, je m’approche de Min Woo qui semble contempler sa tasse de café posée sur la table.

• « Excuse-moi, mais je… J’ai paumé mes chaussettes. Tu les aurais pas vus par hasard ? »

Franchement… Il n’y a pas pire comme scénario après une partie de jambe en l’air que je ne parviens toujours pas à me rappeler. Il me regarde amusé et tend son bras afin d’attraper quelque chose et de me l’envoyer gentiment au visage. C’était donc lui qui me les avaient kidnappé !

• « Ah, merci. »

Aussitôt, je m’installe sur le fauteuil en cuir de son salon pour les enfiler avant de me relever d’à nouveau me rapprocher, bien sûr, en imposant une certaine distance entre nous deux.

• « Je… Désolé, je n’ai pas les idées claires aujourd’hui et je m’excuse si hier soir j’ai dis quelque chose qui aurait pu te faire croire certaines choses. Je… Je pense que je devrais rentrer chez moi, ça sera mieux. »

Mais alors que je pensais me retirais tranquillement de cette affaire, Min Woo me fit comprendre qu’il n’était pas du même avis que le mien.

• « Oui… Nous avons… La nuit a, disons, été longue et agréable. »

Mon « Oh espoir ! » se transformait subitement en « Oh désespoir ! ». C’est vrai, il aurait bien pu me dire une connerie pour m’effrayer, mais non. Mes rêves les plus fous semblent être réels au point de me rendre vraiment pitoyable. Ça doit bien faire cinq bonnes minutes que je suis en train de fixer le vide, à croire que celui-ci me plonge dans mes pensées, mais je m’insultais intérieurement jusqu’à ce que je remarque que Min Woo ait déposé une tasse de café en guise de petit-déjeuner. J’attrape la boîte à sucre et y prend un morceau avant de la refermer et de mettre le sucre dans le contenu encore chaud. Je garde mes mains autour de cette tasse, la chaleur permet de me réveiller un peu, malgré que ma tête reste encore dans un épais brouillard. Finalement, je n’ai pas le temps de m’y perdre puisque ma nouvelle connaissance s’accroche à mes épaules avec l’une de ses mains.

• « Pardonne-moi si je suis quelque peu affectueux, mais la fin de la soirée ressemblait pas mal à cela et pour ma part, je suis encore en possession de toute ma mémoire, tu peux bien pardonner à un vieil homme qui vie dans le passé ? »

Il n’est pas rassurant en employant le terme de ‘vieil homme’. Déjà que je ne suis pas rassuré et que j’ai fais une grosse bourde hier soir, j’ai soudainement l’impression d’avoir terminé dans le lit d’un homme cinquantenaire qui n’a pas ouvert sa braguette face à quelqu’un depuis une vingtaine d’années. Je hoche brièvement la tête pour lui faire comprendre que ce n’est pas bien important, voire sans importance. Après tout, il a bien le droit de se comporter comme il le souhaite, au moins, ça me montre réellement qui il est même si j’en viens à ne plus le revoir par la suite, mais si jamais ça doit se produire, je saurais à quoi m’attendre.

• « Pas de chance, t’as rencontré un gamin qui a une mémoire de poisson rouge ! »

Je jette un rapide coup d’œil vers lui avec un air des plus abattus. J’en viens à me demander pourquoi il n’ose pas me parler ce que nous avons fait cette nuit. C’est vrai ça, je fais aussi parti de la partie, il pourrait me raconter certaines choses et puis, si ça se trouve, sous une certaine pulsion, j’ai, peut-être, du lui demander des trucs bizarres… Soudainement, je me retrouve dans une inquiétude que je n’ai jamais eue auparavant. À force de ne jamais cesser de ruminer, j’en viens à me demander si je n’ai pas eu une attitude qui ne me ressemble pas et qui n’est pas dans mes habitudes. Puis, Min Woo s’approcha de mon visage pour me dérober un nouveau baiser sans insister.

• « Pas de problème, j’irai te reconduire en plein centre-ville. »

J’avais totalement oublié qu’il m’avait proposé de me raccompagner en début d’après-midi. Je laisse un soupire se faire légèrement entendre avant de m’orienté, tout en restant assis sur mon tabouret, pour mieux lui faire face.

• « Laisse tomber… J’vis pas chez moi la semaine, je pionce à l’internat de mon école. »

Je me remets correctement sur ma chaise afin d’apporter ma tasse de café à mes lèvres pour y boire quelques gorgées, chose qui me permet, en même temps, de me réveiller un peu plus et peut-être d’essayer de retrouver pleinement ma mémoire. À quoi bon essayer ? Quand ça ne veut pas revenir, c’est qu’il vaut mieux tout oublier et vivre au présent. Sûrement sur le coup de ne plus vouloir paraître pour un pauvre étudiant, je songe sérieusement à prendre une toute autre discussion afin de détendre un peu l’atmosphère, mais surtout, ça m’éviterais d’être de mauvais poil envers lui alors qu’il n’y est vraiment pour rien dans toute cette histoire.

• « Tu…, tu m’as dis que tu as une fille. Elle vit chez sa mère ? Mais… Comment ça se fait que tu te sois tourné vers les mecs ? Enfin, si c’est pas indiscret de te demander ça. »

Je me porte bien curieux et je ne sais pas si c’est une bonne chose. Peut-être qu’il ne veut pas en parler et puis, peut-être, que tout cela est douloureux a évoqué. Je ne suis pas certain que ma nouvelle solution en soit une bonne, mais comme on dit souvent : « Qui ne tente rien, n’a rien ! »

Il m’en faut peu pour me rendre de plus-en-plus compte que la suite des évènements s’accroche à une difficulté hors du commun. J’ai beau lui demander des tonnes de renseignements à son sujet, il ne semble pas vouloir se défaire de l’image que j’ai retransmis dès le moment où j’ai ouvert les yeux ce matin. Je n’ai pas changé, c’est juste que je n’étais pas dans mon état normal lorsque nous avons discutés hier soir. Quelque part, je m’en veux terriblement de ne pas avoir été agréable aux premiers abords à mon réveil. Disons que l’inquiétude me soit vite montée à la tête et que j’ai agis comme un pauvre idiot. En une simple question, il me dévoile doucement une petite partie de sa vie. Il me fait comprendre qu’il n’a jamais été certain de son orientation sexuelle lorsqu’il avait mon âge, mais qu’en plus de cela, au moment de tout avouer à son ancienne petite-amie, elle lui a annoncé qu’elle était enceinte. Eh bien… Tout cela dut énormément le changer et en très peu de temps. D’ailleurs, je me demande comment il a su gérer une séparation, sa propre vérité, mais en plus devenir responsable en devenant un père de famille. Sur ce coup, il est vraiment admiratif. Quand je pense à ça, je me dis que jamais je n’aurai pu endosser ce dur rôle, mais apparemment, pour lui, c’est un rayon de soleil qui s’ajoute dans sa vie pour toujours. Il me fait penser à moi. On dirait moi. J’agis exactement de la même façon, mais envers ma sœur. Depuis sa venue au monde, elle a toujours été présente pour moi et elle reste la seule, l’unique à croire en moi. Entre temps, Min Woo part chercher son paquet de cigarettes afin d’en prendre une avant de me mettre celui-ci sous le nez devant moi comme pour m’inciter à en prendre une si je le désire. La clope, dès le matin, ce n’est vraiment pas quelque chose que j’aime faire. Ca me dégoute et ça me donne la nausée. Je refuse gentiment et l’écoute toujours avec attention. Il prend soin de me révéler encore de nombreuses choses à son sujet, comme celle de sa jambe dût à une blessure assez grave. Quel idiot je fais ! Avec mes conneries, je n’ai même pas remarqué qu’il est, plus ou moins, en difficulté avec sa jambe. Puis, soudainement, il se relève et s’absente un moment avant de revenir, quelques minutes plus tard, avec son portefeuille. Il l’ouvre et y sort un petit morceau de papier qui se s’avère être une photographie qu’il dépose délicatement face à moi. Je la saisis entre mes mains et l’examine de plus près. Dans l’immédiat, je comprends qu’il s’agit de sa fille. Personnellement, je trouve qu’elle lui ressemble énormément malgré que je ne connaisse pas la mère de cette petite. Sur la photographie, elle se montre très joyeuse et semble vraiment adorable.

• « J’espère que je suis un bon père pour ma fille… Enfin, j’espère le rester si c’est le cas… Je ne veux pas que mes propres intérêts ou ambitions voire même mon égoïsme s’attaquer à ma petite sauterelle… »

« Petite sauterelle » ? Ce surnom me fait sourire. Je ne parviens pas non à focaliser ce qu’il vient de me dire. Lui, égoïste ? Il doit bien se tromper, il n’a vraiment pas l’air de l’être et j’ai, en quelque sorte, une preuve. Il aurait pu me jeter dehors comme un vulgaire sac poubelle lorsque nous nous sommes réveillés, mais non. Il a prit soin de moi, s’il avait pu, il aurait pu tout m’offrir sur un plateau d’argent. C’est peut-être absurde de penser de la sorte, mais il ne retransmet pas du tout la façon dont il se décrit.

• « Je ne pense pas que tu sois un mauvais père. C’est vrai, j’en ai eu la preuve aujourd’hui. Tu aurais pu me foutre dehors avec un billet dans la poche comme beaucoup de mecs le font, mais non… »

Je me redresse sur mon tabouret et l’interpelle d’une façon bien particulière en plaçant l’une de mes mains sur l’une de ses joues tout en le regardant attentivement dans les yeux.

• « Tu as essayé de me mettre à l’aise même si on ne se connait pas. Elle a de la chance de t’avoir, tu sais. »

J’esquisse un léger sourire avant de le relâcher et de reprendre ma tasse de café afin de terminer le contenu qui s’y trouve et qui commence sérieusement à se refroidir.

• « Tu as un frère, une sœur, peut-être ? »

J’hoche la tête brièvement en buvant mon café et repose aussitôt la tasse sur la table.

• « J’ai une petite sœur. Parfois, je m’en veux de lui faire du mal. Je ne le fais pas exprès et ça ne parait pas comme ça, mais je suis un peu fougueux et mes parents n’apprécient pas vraiment mon attitude. Je sais qu’elle s’en fout de ce que je peux bien faire de mal ou non, on échange beaucoup de choses et on se parle beaucoup malgré qu’elle soit encore une ado. »

Pendant ce temps, Min Woo s’était réinstallé à mes côtés. Je détourne les yeux vers sa présence et lui sourit à nouveau.

• « Tu as le bonheur de ta vie en ayant ta fille, c’est pareil pour moi mais avec ma sœur. Sa naïveté me rassure et me fais comprendre que je ne suis pas qu’un pauvre crétin sans… cervelle. »

J’avais prononcé cette phrase en y rajoutant une pointe d’ironie vers la fin pour lui montrer que je ne lui en voulais pas pour ce qu’il s’était passé.

• « Merci. Merci, d’être comme tu es. Tu es quelqu’un de bien, ne t’en fais pas. C’est vraiment gentil et je m’excuse encore pour ma réaction de ce matin. »

Avant de m’éclipser de la cuisine, je me relève et dépose un baiser sur sa joue.

En quelques secondes, je me retrouve seul. Min Woo en a profité pour s’éclipser, sûrement pour aller enfiler des vêtements propres et plus confortables. En tête-à-tête avec moi-même, je me pose d’innombrables questions qui me tourmentent plus les unes que les autres. Min Woo a beau être quelqu’un d’agréablement très sympathique, mais je ne parviens toujours pas à cerner ce besoin, si nécessaire, qu’il affectionne tout particulièrement pour batifoler avec différents autres jeunes hommes. Pourquoi suis-je si inquiet soudainement ? Ce ne sont pas mes affaires et ce qu’il peut bien faire de son temps-libre ne me regarde vraiment pas. Je ne fais pas partie de sa vie, je n’ai donc à me rendre malade par ce qui a pu bien se passer cette nuit et puis, si ça se trouve, plus jamais ne viendrait à le revoir, mais je pense que je peux bien m’engouffrer dans mes fortes illusions et à penser qu’il me retrouvera de n’importe quelle manière. Pendant une vingtaine de minutes, je suis avec cette conscience. Ma conscience déboussolée. Peut-être qu’avec les prochains jours, je parviendrais à mettre la main sur mes idées trop embrouillées, mais surtout totalement oubliées. Le temps où je me retrouve solitaire, j’examine les lieux. Ceux-ci sont parfaitement rangés comme si aucune personne ne vivait ici. C’est à peine croyable que ça soit aussi bien ordonné lorsque l’on a des enfants, mais, peut-être, que sa fille ne lui pas énormément visite ou alors, peut-être est-il l’une de ses personnes atrocement maniaques jusqu’au bout des ongles ? Je n’en sais rien et c’est quelque-chose de futile de penser que Min Woo soit comme ça. Je me lève de mon tabouret et me dirige vers le salon. Là, je commence à rassembler mes affaires, c’est-à-dire ma veste et mes chaussures. J’ai largement le temps de me préparer à partir que quelques minutes plus tard, le plus âgé me rejoint en encerclant ma taille de ses bras et d’ainsi me rapprocher de lui en collant son torse contre mon dos. Puis, un doux baiser se pose délicatement dans mon cou et ce geste si attentionné me fait violemment frissonner. J’en venais à penser qu’il avait dût être incroyablement câlin la nuit dernière.

• « Tu vois, lorsque tu m’en laisse la chance, je suis d’agréable compagnie, non ? Je trouve toutefois cela dommage que tu ne te rappelles toujours pas de notre soirée. Faudrait remettre ça, non ? »

Qu’est-ce qu’il peut bien raconter comme bêtise celui-là ! Je me retourne vivement avec un air boudeur inscrit sur mon visage, tout en m’ôtant par la même occasion de son emprise et lui insinue un léger coup amical dans l’épaule afin de lui faire comprendre que sa blague est, quelque peu, de mauvais goût et qu’il peut se la garder. Mais rapidement, je ne peux m’empêcher de lui sourire.

• « Ne te fous pas de moi ! Et puis, je suis sûre que ça reviendra à un moment ou à un autre. Le jeune a la mémoire défaillante, mais je vais la récupérer ! »

Aussitôt, je me fige de nouveau face à lui et le regarde assez peiné de devoir m’imposer ainsi alors qu’il a certainement mieux à faire.

• « Je ne vais pas nuire à tes prévisions de la journée plus longtemps et puis, il faut que je passe à la bibliothèque de l’université avant qu’elle ne ferme pour récupérer quelques bouquins. Tu comptes toujours m’y déposer ? Enfin, sauf si tu ne veux plus, ce n’est pas bien grave, hein. Je prendrais le premier bus qui passe dans le coin sinon, ça ne me dérange pas. »

J’esquisse un sourire en guise de remerciement pour tout ce qu’il a bien pu faire pour moi, même s’il détient encore secrètement quelque-chose que je veux à tout prix savoir, mais ça… Ça ne tarderait pas à venir et enfin, mes questions trouveront leurs réponses.